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Photo du rédacteurLudovic Herman

Leadership sentimental ou quand le Président Macron dit… je t’aime

En entreprise comme dans la vie, il existe des moments clés où les sentiments jouent un rôle déterminant. Alors, quand début février Cécile Cornudet, du journal Les Echos, titre sa chronique : "L'amour au temps du quinquennat", je me dis que notre président a peut-être un leadership particulier qui pourrait inspirer managers et dirigeant.es des entreprises françaises. Encore merci Cécile Cornudet, je vous aime beaucoup car vous avez un talent fou avec une plume qui pique et qui chatouille. Les Echos me hameçonnent souvent avec vos articles gratuits sur mon smartphone… et si j’en veux davantage, je sais que je dois payer. J’ai d’ailleurs succombé à la tentation… et attention aux faux amis ! Les journalistes hameçonnent quand les artistes politiques harponnent, Benjamin Grivaux sait de quoi il en retourne.


Trois jours avant la St Valentin, le Président réunit les députés de la majorité pour leur dire à chacun… je t’aime. Coïncidence ? Synchronicité ? Pour moi qui crois peu au hasard, je pense que c’était prémédité. Je me dis que le président va leur chanter un "Viens je t’emmène" pour la mi-mandat, ce tube de France Gall qui met mon cœur en émoi. Je pense aussi à tous ces patrons qui ouvrent leur cœur à leurs salariés pour les réengager. Je suis alors décidé à décoder les ressorts de ce j’appellerais le "leadership sentimental".


Ce jour-là, le Président va retrouver les siens pour recréer le lien : le "tissu affectif" qui j’espère est en satin. Les siens ? Ce sont ces marcheurs amateurs de la première heure. En 2017 ils ont quitté travail et famille pour servir leur patrie, et contre toute attente ont ouvert une troisième voie entre droite et gauche comme Moïse la mer Rouge. Comme un seul homme, ils et elles ont marché sur Paris pour soutenir leur leader. Il leur a ouvert les portes de l’Assemblée en échange de leur fidélité, avec en prime son amour et une écharpe bleu-blanc-rouge.


Cécile, je vous le dis par ce billet : encore merci de mettre à l’honneur l’amour dans votre journal qui n’y fait pas assez souvent écho.  D’ailleurs, vous avez du pif dans ce PAF trop sérieux car nous sommes entrés dans… l’ultra modernité. C’est, dixit le site Xulus : "la volonté d’en finir avec la rationalité froide, mécanique et glaciale de la modernité, mais aussi avec l’individualisme stérile de la post modernité. Autrement dit, c’est la réhabilitation de l’imagination, des affects et du cœur". Je peux vous dire que les financiers, en cette période de taux négatifs, s’intéressent de près à l’idée que l’amour rend au centuple ce qu’on y investit. Alors assez de préliminaire, et zoomons sur comment devenir un.e leader sentimental.e.


Cela requiert selon moi deux qualités conjuguées : la bonté et l’authenticité.


La bonté n’est pas donnée à tous. Par exemple, et malgré tous leurs efforts, Poutine, Trump, Erdogan, Johnson…  ne sont pas si épris de bonté que cela. Mon critère, certes peu scientifique, pour évaluer la bonté d’un leader est simple : fait-il sourire ou fait-il peur aux bébés !? Ou, en tant que parent, leur confierais-je mes enfants ? Eh bien non, pas à ces quatre-là. Mais pourquoi pas chez Emmanuel et Brigitte. En plus, le candidat Macron avait réussi le bottle flip sur snapchat ! me dit mon cadet.


La bonté en entreprise existe plus qu’on ne le croit : cela consiste à aimer jusqu’à l’impossible ses collègues, clients, fournisseurs… sans forcément être aimé en retour. C’est apprécier le plus égoïste, radin, mesquin pour ce qu’il peut devenir, plus que pour ce qu’il est. C’est être un peu comme la semeuse sur nos vieille pièces de 1 franc : je sème ma bonté à tous vents en sachant qu’un jour le sort me répondra présent.


L’authenticité est plus exigeante que la bonté. Devenir authentique est risqué, souvenons-nous de Jean de Florette qui était venu de la ville cultiver… de l’authentique. Il en est mort, de son entêtement à croire que l’honnêteté l’emporterait sur la cupidité. Certes, il est mort grand, quand ses fossoyeurs ont vécu petitement avec pourtant beaucoup d’argent.


Devenir authentique ne s’apprend pas en réussissant à l’école, mais en se risquant à échouer. Et d’ailleurs, un échec n’est jamais fatal car on reste très vivant après un échec cuisant. C’est en disant "je t’aime" à l’être désiré et tomber à coté, c’est en tentant sa chance même quand on en n’a si peu, c’est en se sentant looser plutôt que crooner, misfit plutôt que Brad Pitt, qu’on devient authentique. Quand on a été authentique, il n’y a pas ces regrets qu’on porte comme des boulets. Les "non", les "no go" ne sont pas destructeurs : il n’y a pas eu rencontre.


La bonne nouvelle, c’est que notre Président Macron a déjà échoué et donc a pu développer son authenticité. Je sais par Wikipedia qu’il a échoué… par deux fois à Normale sup, une sorte de double effet kiss cool à l’envers. Deux échecs valent mieux qu’un, disent les anciens ; c’est un signe de persévérance, de ténacité et d’espoir dans sa destinée. J’imagine qu’à chaque fois, le futur Président a maudit le sort et s’est demandé si Brigitte l’aimerait encore. Il a dû lire, avant même que Charles Pépin ne l’écrive, "Les Vertus de l’échec" et s’est dit : "Si je ne peux pas être Normalien alors je serai Président". Pas un Président normal bien sûr, car la formule était déjà préemptée.


Ce matin je me suis dit : Ludovic, sois plus utile que futile, aide les hommes et les femmes d’entreprise à devenir des leaders sentimentaux. Aide-les à libérer leur potentiel d’authenticité.


Je propose pour cela de vous écouter avec ce que les coachs appellent la "3ème écoute" : la première, ce sont les mots écrits dans vos discours (les normaliens font cela très bien) ; la seconde, ce que dira votre body language ; la troisième, les émotions que je ressentirai. Promis, je vous restituerai tous vos flops qui sonneront aussi faux que le crissement de la craie sur un tableau, ainsi que tous vos tops qui m’iront droit au cœur.


Devenir un.e leader sentimental.e est moins sorcier qu’il n’y paraît, et cela vous fera tant de bien qu’il serait dommage de vous en priver.


Sentimentalement vôtre, et à la semaine prochaine.


Crédit photo : © Wikimedia

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